Parole d'expert

Révéler la cause de la mort

L'imagerie forensique a fait un bond grâce à la technique d'angiographie post-mortem développée au CHUV. Elle nécessite d'irriguer les vaisseaux sans l'aide d'un cœur qui bat.

La reconnaissance internationale de l'angiographie post-mortem, une technique mise au point par Silke Grabherr, la directrice du Centre universitaire romand de médecine légale (CURML), ne cesse de s'étendre. «Nous avons mené une étude sur 500 cas dans neuf centres européens qui emploient cette technique. Les résultats démontrent la supériorité de l'angiographie par rapport à l'autopsie», se félicite la spécialiste.

Ainsi, plutôt que d'ouvrir le corps d'une personne victime d'une mort suspecte, on le passe au scanner tout en lui injectant un liquide de contraste qui permet d'étudier les lésions vasculaires, les occlusions de vaisseaux ou les sources d'hémorragie afin de déterminer les causes du décès. Évidemment, le cœur d'une personne morte ne bat plus, ce qui pose un problème pour faire circuler le liquide révélateur.

«Pour contourner le problème, nous devions identifier un moyen pour faire passer le produit, explique Silke Grabherr. Plusieurs années d’études ont été nécessaires pour trouver le mélange idéal afin de fournir des images qui nous permettent de reproduire les vaisseaux sanguins.»

Entamée dès sa thèse de doctorat à l'Institut de médecine légale à Berne, la recherche de Silke Grabherr a pris un tournant concret depuis qu'elle travaille au CHUV. Sa technique a été brevetée et est désormais commercialisée par une entreprise privée. Avec son équipe et le réseau de centres internationaux avec lesquels elle travaille, elle tente de perfectionner cette technique d'imagerie et de l'étendre à des cas particuliers. «Nous voulons développer un protocole pour les enfants, afin de déterminer quel volume injecter et comment adapter la machine de perfusion.» Une autre piste consiste à trouver un nouveau liquide de contraste qui n'entre pas en conflit avec certaines causes de décès. «Nous employons actuellement un produit huileux qui s'appelle Angiofil, créé par une société suisse. Dans le cas d'une mort par embolie graisseuse, ce produit n'est pas opportun», relève-t-elle.



Partagez: