Chronique
Texte: Benoît Dubuis
Photo: DR

«Start-up Nation»

Quelle ne fut pas ma surprise, en me rendant au Yeda, que je considère comme un des meilleurs bureaux de transfert de technologie au monde, de ne pas percevoir une appétence particulière pour les start-up.

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Quand on sait que le Yeda est adossé à l’institut Weizmann, au cœur de l’Israël entrepreneuriale que nous connaissons et qui se qualifie elle-même de «Start-up Nation», cela a de quoi surprendre. Le message était pour autant rationnel: la start-up est un véhicule risqué et coûteux.

Si les entrepreneurs ne «délivrent» pas suffisamment rapidement, la valeur de la technologie risque de s’éroder, si elle s’essouffle, elle risque d’être bradée, et pendant ce temps-là les brevets courent. Dans le même temps, tout pas réalisé par une start-up se paye au prix fort au niveau des valorisations, et, in fine, les start-up ne visent-elles pas un «exit» industriel? Dans ce cas, pourquoi ne pas sauter l’étape start-up et négocier directement avec une entreprise mieux assise et plus proche du marché?

Vous trouverez l’argumentation très théorique, sachant qu’il faut encore que lesdites entreprises soient à même d’intégrer ces nouvelles technologies dans leurs groupes de recherche et soient prêtes à s’engager sur des chemins encore sablonneux. Si les intégrations verticales prévalaient jadis, aujourd’hui, à l’heure de la virtualisation de la recherche, l’acquisition de nouveaux projets passe tant par la R&D interne que par un scouting attentif des opportunités présentes sur le marché. Un besoin de retour sur investissement toujours plus rapide éloigne le monde industriel de celui de la recherche et la prise de risque précoce n’est malheureusement plus de mise, ces entreprises préférant intégrer des technologies et produits plus achevés, quitte à payer plus cher leur acquisition.

C’est ce «gap» que comblent les start-up par leur dynamisme entrepreneurial et leur prise de risque… une prise de risque qui a un coût, avec des tickets d’achats qui vont largement au-delà de l’investissement financier effectif et qui rendent souvent rédhibitoire une acquisition par des sociétés aux capacités d’engagement plus réduites, dont les PME.

La bourse technologique Innosquare, opérée par la Fondation Inartis en collaboration avec de nombreux partenaires académiques, est une alternative permettant à toute société de s’intéresser à une technologie et de l’acquérir indépendamment d’un véhicule de valorisation.

Une alternative qui a déjà séduit de nombreux partenaires et conduit à de belles diversifications technologiques et extensions de gammes produits.

La start-up est ainsi un moyen, parmi d’autres, de valorisation. Soutenons-la sans occulter les autres voies de transfert technologique, qui font toute la richesse et le dynamisme de notre tissu industriel – PME et grandes entreprises qui sont au cœur de notre République de l’Innovation.



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Ingénieur et entrepreneur, Benoît Dubuis est président de la Fondation Inartis et directeur du Campus Biotech.