Chronique
Texte: Benoît Dubuis

Les technologies, ces trésors cachés

Le niveau d’activité entrepreneuriale d’une région, d’un pays, dépend de l’existence d’opportunités et de la faculté qu’ont les individus de les percevoir. La seule existence d’opportunités d’entreprendre et le fait d’en être conscient ne sont cependant pas suffisants. Encore faut-il avoir la capacité, c’est-à-dire la motivation et le savoir-faire, de concrétiser ces opportunités.

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Voilà bien le rôle du laboratoire d’intégration de systèmes opéré par la Fondation Inartis pour développer les opportunités innovantes issues de ses programmes d’accélération et d’incubation.

Rares sont les institutions qui cherchent à valoriser de façon systématique toutes les technologies qu’elles développent. Ceci conduit à une sous-utilisation du potentiel de ces technologies et à un retour sur investissement au niveau de la propriété intellectuelle qui est largement insuffisant. Pour les entreprises, qui cherchent de leur côté des technologies pour renforcer leur activité, ce manque d’opportunités se traduit en manque à gagner tant en termes de croissance que de revenus ou encore de places de travail qui ne seront pas créées ou de produits qui ne seront jamais développés.

Alors que le concept d’open innovation est au coeur de toutes les stratégies d’innovation, ce constat a de quoi surprendre. L’explication est pourtant simple, provenant du manque clair de relais entre développeurs de technologies et utilisateurs. Le cas le plus flagrant est peut-être le fait que la recherche se bâtit grâce à des financements compétitifs, qui doivent être renouvelés. À ce moment, le chercheur devra prouver qu’il explore de nouveaux territoires et les résultats précédemment développés seront soit directement applicables, et donc susceptibles d’intéresser des partenaires qui prendront le relais, soit finiront dans les tiroirs, qui regorgent d’opportunités sujettes à un vieillissement accéléré, et dans l’oubli le plus total.

Pourtant, une réflexion approfondie et des moyens parfois minimes permettraient à ces innovations d’être remises en lumière et de conduire à des développements intéressants.

La barrière entre ces deux attitudes est souvent ténue, et, comme je le résume dans ma remarque liminaire, tient plus à la motivation et à l’expérience de «chineurs technologiques». C’est l’une des missions de l’accélérateur translationnel de la Faculté de médecine de l’UNIGE et de nos nombreuses autres démarches destinées à faire émerger l’innovation.

Mais cette première étape qui revient à décorréler l’innovation de son origine doit être suivie d’une phase de re-corrélation en définissant le positionnement le plus adapté et donc le marché qui sera le plus porteur. Si des domaines d’applications paraissent évidents, le laboratoire d’intégration de systèmes est là pour ouvrir des perspectives jusqu’alors non envisagées.

La plupart des nouveaux produits et solutions résultent de l’agréation d’éléments technologiques existants et c’est de ce jeu de Lego qu’émergeront les opportunités qui façonneront notre devenir industriel. S’il est important de créer de nouvelles opportunités en générant de la connaissance et des idées, ce que font très bien nos institutions de recherche, il est essentiel de tirer le meilleur de l’existant, ce d’autant plus que la maturité de ces opportunités permet une appréciation bien meilleure du risque.

Les HES-SO ont compris l’importance de cette approche et tout un programme de «maïeutique» technologique a été mis en place avec eux par la Fondation Inartis. Cette démarche comprend un scouting efficace des opportunités suivi d’une mise en valeur de ces opportunités, notamment à travers des capsules vidéo, ainsi qu’in fine, une mise en relation professionnelle entre chercheurs et industriels, afin de s’assurer que les technologies n’enrichissent pas les archives des laboratoires, mais profitent au développement de nouvelles opportunités offrant autant de perspectives économiques et d’emploi pour notre «République de l’Innovation».



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Benoît Dubuis est ingénieur, entrepreneur, président de BioAlps et directeur du site Campus Biotech.