Interview
Texte: Marisol Hofmann et Stéphanie de Roguin
Photo: Laurianne Aeby

«Sur le sepsis, un effort d’information reste à faire»

Le sepsis, anciennement appelé septicémie, est un dysfonctionnement de l’organisme en réponse à une infection. Thierry Calandra détaille les mesures nécessaires pour limiter les risques posés par cette affection aussi grave que méconnue.

Près de 31 millions de cas de sepsis sont dénombrés chaque année au niveau mondial. En Suisse, le Service d’urgence du CHUV a recensé près de 400 cas de sepsis lors d’un comptage effectué en 2012. Chef du Service des maladies infectieuses au CHUV, Thierry Calandra insiste sur l’importance d’améliorer les connaissances du public sur le sujet.

Le nombre de cas de sepsis augmente. Pourtant cette pathologie reste méconnue du public. Quelle est la situation en Suisse?

Nous avons du retard par rapport à d’autres pays comme l’Allemagne, qui a mené de nombreuses campagnes d’information. Il est urgent de disséminer les notions de ce qu’est un sepsis pour identifier les symptômes plus précocement.

Il est urgent de disséminer les notions de ce qu’est un sepsis pour identifier les symptômes plus précocement.

Une étude concernant la connaissance du sepsis a été menée auprès de la population de différents pays il y a quelques années. L’Allemagne arrive en tête avec 50% de personnes ayant entendu parler des sepsis. En Angleterre, ce taux s’élève à 40%, 20% en Suède et 7% au Brésil. En Suisse, la situation doit ressembler à celle en Suède. Un effort d’information doit être fait.

Qu’est-il envisagé pour améliorer cette situation?

Il faudrait mettre sur pied des structures adéquates comme des associations ou groupes, incluant des personnes ayant souffert de sepsis, pour mener des campagnes d’information et de sensibilisation. La problématique des sepsis est devenue une priorité pour l’Organisation mondiale de la santé, qui a adopté une résolution pour favoriser sa reconnaissance.

Quelles mesures peuvent être prises au niveau hospitalier?

Il est essentiel d’éduquer les paramédicaux comme les ambulanciers ou autres services d’intervention afin qu’ils soient capables de reconnaître rapidement un état septique. Au CHUV, il existe des formations générales au niveau des différentes unités, mais ce point devrait être abordé de manière plus spécifique. Afin de réduire le risque de mortalité et de séquelles graves, il faudrait également mettre en place des centres ou des unités spécialisées pour la prise en charge rapide des patients. Le temps d’intervention à l’hôpital se compte en heures. La Surviving Sepsis Campaign a par ailleurs élaboré des recommandations de mesures à prendre dans les trois heures qui permettent de réduire le risque de mortalité.



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