Interview
Texte: Melinda Marchese
Photo: Heidi Diaz

"Il y a beaucoup de fausses croyances"

Liliana Belgrand insiste sur l’importance d’une approche bio-psycho-sociale. Pendant vingt ans, la spécialiste a suivi des patients souffrant de douleurs lombaires chroniques.

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Cette interview fait partie de notre dossier sur le dos

IV Quelles sont les causes du mal de dos?

IB Outre l’usure des structures anatomiques due à l’âge ou à l’apparition d’une lésion à la suite d’un accident par exemple, plusieurs facteurs peuvent créer des douleurs. Une mauvaise position maintenue trop longtemps ou un faux mouvement peut créer l’inflammation d’un muscle, qui devient douloureux. On parle alors de «douleur aiguë» qui, avec un peu de repos et des anti-inflammatoires, se résorbe en quelques jours. Il faut surtout éviter que celle-ci ne se transforme en douleur chronique.

IV Comment cela peut-il donc se produire?

IB Toutes les douleurs affectent le fonctionnement physique et mental; elles peuvent y laisser des traces, certaines plus profondément que d’autres. Lorsqu’un patient se trouve dans une situation familiale compliquée, il peut se laisser envahir par cette douleur et lui accorder progressivement une place importante dans ses pensées. S’il en perd le contrôle, il risque de modifier sa perception et de rendre celle-ci chronique. Il y a beaucoup de fausses croyances autour du mal de dos, notamment le fait que toute douleur correspond à une lésion et que la douleur est proportionnelle à celle-ci. Et aussi, qu’une douleur persistante signale quelque chose de grave.

IV S’agit-il donc de «douleurs imaginaires»?

IB Non, les souffrances sont bien pré- sentes. Le traitement ne doit simplement pas se limiter à la lésion organique que l’on soigne à l’aide de médicaments ou d’une chirurgie. Aujourd’hui, on prône une approche «bio-psycho-sociale», c’est-à-dire que l’on considère aussi le psychique ainsi que le contexte social dans lequel vit le patient. Une personne qui souffre depuis des années se sent très souvent déprimée, dort mal... Son état de santé en pâtit, ce qui peut finir par l’isoler tant socialement que professionnellement. Avant même la prescription d’une radiologie, il est important de questionner un patient sur sa vie familiale et sociale. D’où la nécessité d’une prise en charge multidisciplinaire pour optimiser les résultats face à une douleur si complexe. ⁄



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