Directrice de l’Office fédéral de la santé publique, Anne Lévy partage ses observations sur le lien de confiance entre politique et science.
La coopération entre science et politique est passée par un énorme processus d’apprentissage. Les derniers mois ont aussi révélé des problèmes et des insuffisances.
« La coopération entre science et politique est passée par un énorme processus d’apprentissage. Les derniers mois ont aussi révélé des problèmes et des insuffisances. À l’avenir, il importe de saisir les chances offertes par la collaboration, mais aussi de conserver et d’étendre les structures qui fonctionnent bien. Il s’agit avant tout de l’expérience avec la science task force et des échanges réguliers avec ses membres, qui peuvent être utiles dans des contextes similaires.
Lorsqu’il s’agit de prendre des décisions politiques, surtout celles de grande portée, il faut garder une vue d’ensemble et intégrer les connaissances scientifiques en leur accordant la place qui leur est due. Dans un contexte de crise, l’objectivité doit plus que jamais être de mise. C’est délicat si la science devient le jouet de programmes politiques. Ainsi, il est d’autant plus important que les scientifiques expriment leur position de manière claire et compréhensible. Les connaissances scientifiques sont essentielles à la prise de décisions fondées.
La gestion de crise est un système très complexe, dans lequel des informations entrantes doivent être traitées en permanence. Des décisions de grande portée sont d’ailleurs prises chaque jour. À titre d’exemple, mi-septembre 2021, la task force de l’OFSP tenait sa 180e séance. Il ne faut jamais perdre de vue que ce que nous savons aujourd’hui reflète l’état actuel de la science. Il ne sera pas nécessairement le même dans deux mois. Cette situation a été et demeure un défi, notamment sur le plan communicationnel.
Que les découvertes scientifiques fassent l’objet de discussions politiques n’est pas nouveau. Mais, en pleine pandémie, alors que les connaissances scientifiques se construisent chaque jour, qu’elles grandissent et s’adaptent en permanence, il peut être difficile pour le grand public de suivre et de comprendre les controverses. Une situation renforcée par l’intérêt marqué des médias pour les divergences de vues qui accompagnent un sujet scientifique, plutôt que par les découvertes elles-mêmes.»