Dossier
Texte: Virginie Bovet
Photo: DR

Épidémiologie, facteurs de risque et prévention

Nouvelles pratiques, nouveaux savoirs: zoom sur un projet de recherche mené au sein du Département de psychiatrie du CHUV.

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Depuis 1994, le Centre d’épidémiologie psychiatrique et de psychopathologie (CEPP) du Département de psychiatrie conduit des études basées sur l’observation de l'évolution de cohortes de personnes recrutées en clinique et dans la population générale. L'objectif est de mieux comprendre les facteurs de risque des maladies psychiques et d’identifier ensuite des mesures de prévention.

Deux programmes emblématiques illustrent cette spécialité: une étude dite «d’enfants à haut risque» et CoLaus|PsyCoLaus, qui a obtenu un quatrième financement jusqu’à fin 2020.

Des études sur le long terme pour mieux comprendre les maladies psychiques

La vingtaine de personnes qui compose le CEPP travaille dans des bureaux situés à l’hôpital de Cery. Nombre d’entre elles ont une longue carrière dans ce centre de recherche, à l’image de son directeur, le Prof. Martin Preisig, et de la docteure en psychologie Caroline Vandeleur, qui a suivi la cohorte des familles à risque depuis ses débuts, il y a plus de 20 ans.

Cette continuité est un élément clé en épidémiologie, puisque son but est d’observer, sur le long terme, l'évolution des individus. On analyse alors les parcours de vie, en particulier les facteurs influençant la santé, afin de mieux les comprendre et, à terme, de mettre en place des mesures de prévention des maladies.

L’étude sur les enfants à haut risque suit les patients avec des troubles bipolaires ou des dépressions graves traités dans les départements de psychiatrie du CHUV et des Hôpitaux universitaires de Genève, ainsi que leurs enfants âgés entre 4 et 18 ans lors du recrutement.

«Cette étude nous a permis de démontrer que, si le parent a développé un trouble bipolaire avant l’âge de 21 ans, sa descendance a 8 fois plus de risque qu’une autre personne de présenter ce trouble déjà durant l'adolescence. Par contre, si le trouble apparaît plus tard chez le parent, nous n'avons pas constaté ce même risque», explique Caroline Vandeleur.

«Un suivi des enfants permettra d’établir si le trouble bipolaire apparaît plus tard», complète-t-elle. Les enfants grandissant, d’autres facteurs de risque mais aussi de protection pourront être analysés.

Analyser les liens entre maladies psychiques et somatiques

CoLaus|PsyCoLaus est l’autre grande étude menée par l'équipe du CEPP, en collaboration avec plusieurs services du CHUV.

Cette étude, qui a donné naissance à de multiples collaborations nationales et internationales, vise à mieux connaître les liens entre santé somatique et santé mentale. Ce projet, débuté en 2003, vient d'ailleurs de recevoir un nouveau financement de la part du Fonds national suisse de la recherche scientifique qui permettra une quatrième investigation de tous les participants jusqu’à fin 2020.

CoLaus|PsyCoLaus a permis de récolter un nombre important de données somatiques et psychiques sur la population lausannoise, au moyen d'investigations somatiques effectuées à la Policlinique médicale universitaire et d’interviews sur la santé mentale effectués avec chaque participant tous les 4 à 5 ans.

Les domaines investigués sont notamment la prévalence et l'évolution des troubles psychiatriques et des facteurs de risque cardiovasculaires, l’association entre les troubles psychiatriques et les facteurs de risque cardiovasculaires ainsi que les facteurs prédictifs d’une démence.

«Un engagement sur la durée est fondamental pour ce type de recherches, car il s’agit d’investiguer un ensemble d’individus représentatif de la population et de suivre son évolution jusqu’à l’apparition ou non, avec l’âge, de certains troubles psychiatriques ou maladies physiques», souligne le Prof. Martin Preising.

«Cette démarche permettra de mieux comprendre les facteurs déclencheurs de certaines maladies psychiques ou physiques, ceux qui nous en protègent ou au contraire les aggravent, dans le but de définir ensuite des mesures de prévention», conclut-il.



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