Tandem
Texte: Rachel Perret
Photo: Eric Déroze - Service d'appui multimédia (SAM)

L’hôpital ne se moque pas de la charité

Aujourd’hui, les dons constituent un marché efficace et prometteur pour développer de nouvelles ressources. À travers la Fondation CHUV, l’hôpital a perçu plus de 1,3 million de francs de dons en 2018, soit deux fois plus que l’année précédente.

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Dans le domaine de la philanthropie – un terme qui englobe toute action privée et volontaire ayant un but d’utilité publique – le facteur chance entre parfois en jeu. Mais il s’agit avant tout de soigner ses contacts et ses relations. «C’est le nerf de la guerre, confirme Michèle Joanisse, directrice de la Fondation CHUV. Une grande partie de mon travail consiste à mettre en contact les bonnes personnes et à faire le lien entre des donateurs potentiels et des projets de santé.»

En 2018, le Prof. Olivier Lamy, directeur du Centre des maladies osseuses du CHUV, a ainsi pu bénéficier d’un don testamentaire. «Cette manne plus que bienvenue a permis de payer le salaire d’une infirmière collaboratrice de recherche pendant un an, dans le cadre d’une étude qui s’intéresse aux facteurs de risque communs aux maladies cardiovasculaires et à l’ostéoporose. Cet argent tombait vraiment du ciel. J’ai eu beaucoup de chance, car mon fonds de recherche était épuisé.»

Une générosité qui pèse 1,8 milliard

Créée en 2010 pour accueillir les dons spontanés et gérer le sponsoring dans le cadre d’un événement au Comptoir suisse, la Fondation CHUV s’est développée progressivement dans le but de professionnaliser la recherche de fonds à l’hôpital.

Dans le paysage hospitalier suisse, cette activité reste discrète.

Dans les pays anglo-saxons, a contrario, les campagnes d’appels aux dons foisonnent et les fondations apportent une réelle plus-value à leurs hôpitaux. «C’est une différence de culture, mais les Suisses ne sont pas moins généreux qu’ailleurs», estime Michèle Joanisse, qui a notamment géré la recherche de fonds pour Médecins sans frontières au Canada et pour la Faculté de médecine de l’Université McGill avant de rejoindre la Fondation CHUV.

En 2016, selon une enquête de Swissfundraising, le volume des dons en Suisse s’est élevé à 1,8 milliard de francs. Dans le «top 3» des causes pour lesquelles les Suisses s’engagent, figurent: les enfants et les jeunes, les personnes en situation de handicap, ainsi que l’aide sociale et d’urgence. La prévention et la recherche sur les maladies arrivent en cinquième position, un thème qui grimperait à la deuxième place si l’on ne tenait compte que de la Suisse romande et du Tessin. Toujours selon Swissfundraising, les motivations des donateurs sont liées à la nature de la cause défendue par une organisation et à son engagement, au sentiment de gratitude et à la concordance avec ses propres valeurs.

«L’hôpital, porteur du bien commun qu’est la santé et de multiples enjeux sociétaux, apparaît comme un acteur assez naturel dans le champ du don et du mécénat. À côté du financement public, la communauté joue un rôle vertueux important», relève Michèle Joanisse.

Le Prof. Olivier Michielin, directeur du Réseau romand d’oncologie, confirme: «Sans le soutien de deux fondations privées qui ont mis plus d’un million sur la table, jamais nous n’aurions pu mettre en place aussi vite et aussi bien un tel réseau de prise en charge, qui permet de proposer aux patients des solutions thérapeutiques personnalisées. Le réseau aurait vu le jour bien sûr, mais cela aurait pris davantage de temps. Cliniciens avant tout, nous ne sommes pas des experts dans le domaine de la recherche de fonds. L’appui de la Fondation CHUV, parce qu’il peut être mobile et rapide, est ainsi très précieux.»

La Fondation CHUV se charge des rencontres avec les donateurs et les porteurs de projets, soumet des demandes de dons ciblées, rédige des conventions ou autres attestations fiscales. Si elle sert les missions de l’hôpital, elle défend également les droits des donateurs. Elle s’assure de leur fournir un suivi des projets, de rendre des comptes par rapport à l’utilisation de l’argent donné et d’expliquer l’impact du geste philanthropique. En 2018, la Fondation CHUV a réussi à réunir plus de 1,3 million de francs, soit le double des dons reçus en 2017.

«En Suisse romande, le potentiel de développement pour la philanthropie hospitalière est grand. Le secteur privé cherche de beaux projets à soutenir et le domaine de la santé les touche. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que de beaux projets, nous en avons!» Reste que, selon Michèle Joanisse, la plupart des dons proviennent de personnes qui sont passées par le CHUV, patients ou proches. «Il n’y a pas de petit don. Et ces gestes, au final, peuvent faire une différence pour la patientèle de l’hôpital et pour celles et ceux qui y travaillent.»



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La Fondation CHUV est une entité indépendante du CHUV dirigée par un Conseil de fondation et placée sous l’autorité de surveillance de l’As-So (Autorité de surveillance LPP et des fondations de Suisse occidentale). Elle définit ses priorités en cohérence avec les ambitions de l’hôpital et les besoins de la population.