Tandem
Texte: Blandine Guignier
Photo: Éric Déroze (SAM)

Vincent Amstutz et Philippe Ryvlin

Le neurologue Philippe Ryvlin et le généraliste Vincent Amstutz soignent les céphalées de tension dans une consultation multidisciplinaire, mêlant approche médicamenteuse et médecine manuelle.

En savoir plus:

La consultation des céphalées du CHUV prend en charge tous les maux de tête qui présentent des difficultés quant à leur diagnostic et/ou à leur traitement. Elle permet de poser un diagnostic précis et de proposer un traitement adapté pour chaque patient.

Nos modes de vie actuels favorisent l’augmentation des céphalées de tension, des maux souvent décrits par leurs victimes comme un bandeau enserrant la tête avec une pression ressentie jusqu’au cou. L’utilisation des téléphones et ordinateurs, qui sollicite les muscles de la nuque, serait en cause, tout comme des positions toujours plus statiques. L’OMS distingue les céphalées de tension épisodiques – qui peuvent toucher jusqu’à 70% des individus – des formes chroniques. Ces dernières, qui se manifestent plus de 15 jours par mois, concernent 1 à 3% des adultes dans le monde. La consultation des céphalées du Service de neurologie du CHUV s’adresse surtout à cette dernière catégorie de patients.

L’initiateur du projet, le professeur Philippe Ryvlin, chef du Département des neurosciences cliniques, ainsi que deux autres neurologues du CHUV, organisent quatre demi-journées par semaine de consultations. «La première étape de la prise en charge consiste à établir un diagnostic précis et à identifier les causes potentielles de la céphalée de tension chronique», détaille-t-il. La prescription est ensuite généralement de l’amitriptyline. «Ce médicament de la famille des antidépresseurs est un des seuls traitements efficaces sur ce type de céphalées. Pris à petites doses, d’environ 8 à 10 mg, soit bien inférieures à celles utilisées pour le traitement de la dépression, il est en général bien toléré.» La consultation des céphalées s’assure également qu’il n’y ait pas d’abus d’antalgiques.

Mais les neurologues de cette consultation ne se limitent pas à une approche médicamenteuse. Ils réfèrent également des patients atteints de ces maux de tête chroniques à d’autres spécialistes, comme Vincent Amstutz, généraliste et titulaire d’une formation complémentaire en médecine manuelle.

«L’approche manuelle consiste à rechercher des “trigger points” chez le patient. Ces zones localisées dans les muscles, quand elles sont bloquées, peuvent provoquer des douleurs dans d’autres parties du corps», explique Vincent Amstutz.

«Des blocages dans le muscle trapèze pourront ainsi déclencher des douleurs au niveau du front. L’approche manuelle complète la prise en charge classique, dans le sens où elle ne cherche pas à détecter ce qui est lésé dans l’anatomie, mais ce qui dysfonctionne.» Outre les traitements manuels qu’il réalise durant la consultation, le médecin de la Policlinique médicale universitaire recommande également à ces patients des exercices à réaliser chez eux. «Je les encourage à stimuler eux-mêmes, ou avec l’aide de leur conjoint, certains points musculaires.» Les patients reçoivent en outre des conseils en lien avec leur mode de vie: bonnes positions, activité sportive régulière comme la natation, techniques de relaxation, etc.

«La synergie entre les différents spécialistes est essentielle au succès de la prise en charge», relève Philippe Ryvlin.

«Les personnes qui nous consultent ont déjà connu plusieurs échecs dans leurs traitements. Suivre plusieurs approches en parallèle permet, outre une plus grande efficacité sur le long terme, de multiplier les petites avancées, et de redonner ainsi confiance aux patients quant aux possibilités d’issue favorable.»



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