Tandem
Texte: Bertrand Tappy
Photo: Philippe Gétaz

Tandem: Patrick Omoumi et Igor Letovanec

Patrick Omoumi et Igor Letovanec sont chargés d’une étape cruciale de la prise en charge des patients dans le Centre des sarcomes: le diagnostic.

Tumeurs rares qui concernent autant les os que les tissus mous, les sarcomes peuvent représenter pour les médecins un véritable casse-tête lorsqu’il s’agit de les identifier: il existe en effet plus de 160 types de tumeurs qui se développent aux dépens de différents tissus (os, muscle, tendon, etc.). «Ce cancer demande dès le départ une prise en charge dans un centre spécialisé», avertit Patrick Omoumi. Ce médecin arrivé au CHUV il y a environ trois ans est en charge de l’imagerie musculosquelettique. Les radiologues sont en effet en charge d’une étape particulièrement sensible, à savoir la réalisation d’images de la tumeur ainsi que la réalisation de la biopsie. «Lorsqu’il y a suspicion d’un sarcome et qu’il faut par conséquent extraire une partie de la tumeur pour l’analyser, le prélèvement doit être effectué selon une méthode bien précise afin d’éviter que la tumeur ne se répande et pour donner un maximum de chance au patient.»

Une fois le prélèvement effectué, les analyses de pathologie peuvent commencer. «Comme les méthodes pour réaliser la biopsie ont évolué, on peut désormais accéder à presque toutes les tumeurs. En revanche, les échantillons sont beaucoup plus petits, explique le pathologiste Igor Letovanec, spécialisé dans les domaines musculosquelettique et thoracique. Cela rend l’intervention moins pénible pour le patient, mais le travail du pathologiste en devient plus complexe. Dans ce contexte, la radiologie permet d’apporter des informations supplémentaires. Une absence de confrontation avec les données de l’imagerie et de discussion avec le radiologue pour les lésions osseuses notamment pourrait mener à une erreur.»

«Ce cancer demande dès le départ une prise en charge dans un centre spécialisé»

Les cas de chaque patient pris en charge au Centre des sarcomes sont passés en revue lors du colloque hebdomadaire. «On peut résumer en disant qu’une partie des diagnostics repose sur un dialogue entre la vision macroscopiquedu radiologue et la vision microscopique du pathologiste, détaille Patrick Omoumi. Nos deux regards combinés permettent ainsi aux oncologues et aux chirurgiens d’établir une thérapie adaptée. L’expérience est primordiale dans ce type de pathologie. C’est pour cette raison que nous sommes organisés en centre spécialisé comme au CHUV, où plus de 52% des patients que nous prenons en charge viennent d’un autre canton. Il peut cependant arriver exceptionnellement que des doutes persistent sur un cas. Dans ce genre de situations, nous envoyons les images radiologiques et les lames histologiques dans un centre de référence mondiale – au MGH de Boston notamment pour se donner un maximum de chances d’arriver au bon diagnostic.»

Une fois le diagnostic posé, la main est passée ensuite au chirurgien – l’intervention reste le seul traitement efficace en ce qui concerne le sarcome – et à l’oncologue pour la prise en charge du patient. En 2015, le Centre des sarcomes a pris en charge 80 nouveaux patients, dont neuf enfants: avec un taux de survie à une année de 95%.⁄



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