Portrait
Texte: Camille Andres
Photo: Heidi Diaz

Eleonora De Stefano, cheffe perfusionniste

Eleonora De Stefano est cheffe perfusionniste, métier méconnu et pourtant indispensable lors d’importantes interventions sur le cœur.

Reportage du "24 Heures" paru au mois de mai 2016 sur le sujet

Eleonora De Stefano a découvert sa profession par hasard en 2002. «A Sienne, où j’avais l’intention de faire mes études de médecine et de chirurgie, la faculté imposait un test d’entrée. J’ai été prise, mais seulement pour l’option de perfusionniste, sans même savoir de quoi il s’agissait!» Mais très vite, cette formation technico-médicale, qui mêle études universitaires et stages pratiques, la passionne. «Nos cours généraux étaient proches de la médecine: anatomie, physiologie, pharmacologie, chimie... Et nous avons été introduits dès la première année à la chirurgie cardiaque.»

Car c’est dans cette discipline que le perfusionniste est indispensable. Sa spécialité est la circulation extra-corporelle, qui consiste à maintenir la perfusion systémique, à assurer les échanges gazeux et à régler la température, grâce à un appareil appelé «machine cœur-poumon». Le sang est capté du côté veineux systémique et renvoyé dans l’aorte ou dans une grande artère, une fois oxygéné. La circulation pulmonaire est court-circuitée, lors d’opérations complexes qui nécessitent de maintenir le cœur immobile.

En tant que perfusionniste, Eleonora De Stefano surveille les différents paramètres de la circulation extra-corporelle et s’assure du maintien des fonctions physiologiques du patient.

En soins intensifs, les perfusionnistes jouent un rôle clé dans la gestion des dispositifs d’assistance cardiaque et respiratoire, que ce soit pour les patients en attente de transplantation (un ou deux mois) ou juste après la greffe.

La réalité du métier, ce sont donc des opérations complexes, et toujours délicates. En relation continue avec les chirurgiens et l’anesthésiste, le perfusionniste doit effectuer des choix cruciaux. «Implémenter un circuit extra-corporel comporte des risques.

Il y a plusieurs stratégies techniques possibles, qui diffèrent selon chaque patient. Il faut être très attentif au choix d’une option ou d’une autre», explique Eleonora De Stefano, qui partage régulièrement son savoir-faire au cours de missions humanitaires au Mozambique, au Cambodge ou au Sénégal.

La discipline nécessite hyperconcentration et méticulosité. Ainsi qu’un fort engagement personnel. «Nous commençons tôt le matin, à 7 h, pour mettre la machine en salle, assistons à toute l’opération, et gérons le temps post-opératoire.»

Personne ne peut remplacer un perfusionniste. Au CHUV, ces derniers se partagent une garde, pour assurer une disponibilité 24h/24 et 7j/7. L’équipe est issue du monde entier. «Il y a une réelle pénurie de perfusionnistes, car le métier est peu connu et trouver des gens immédiatement opérationnels et expérimentés est difficile; de plus il n’existait pas de formations valables au niveau fédéral», explique cette Italienne d’origine, elle-même arrivée au CHUV en 2006. Une donnée qui devrait changer: à partir de septembre 2015, la première formation fédérale et certifiée au niveau européen verra le jour à Zurich. Le CHUV devrait y participer activement. /



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