Portrait
Texte: Bertrand Tappy
Photo: Gilles Weber

Christèle Rutishauser, ergothérapeute

Christèle Rutishauser est ergothérapeute. Après avoir commencé sa carrière en France, elle a rejoint le CHUV pour se spécialiser dans le domaine de la gériatrie.

Devant la cuisine, une femme de 85 ans. Appelons-la Jeanine. Opérée voilà quelques semaines au CHUV après une chute, Jeanine est aujourd’hui une patiente du Centre universitaire de traitement et réadaptation (CUTR) de Sylvana, juste au-dessus de Lausanne. Cela fait de nombreux jours qu’elle n’a pas revu son appartement, et souhaite maintenant ardemment rentrer chez elle. Mais elle a peur de ne plus être aussi autonome qu’avant. Pourra-t-elle s’habiller seule, ou se faire à manger?

Christèle Rutishauser fait partie des personnes qui peuvent répondre aux questions de Jeanine. C’est en effet elle qui a la charge de dresser une première évaluation sur les capacités de l’octogénaire, en train de s’activer devant une cuisine située dans les locaux d’ergothérapie. «Avec mes collègues, nous évaluons systématiquement les personnes qui arrivent à Sylvana, explique la spécialiste. En complément des physiothérapeutes qui s’occupent de la mobilité du corps de manière globale, nous vérifions si le patient peut accomplir les gestes et actes quotidiens de la vie à domicile: se laver, se déplacer, préparer une boisson chaude, etc. On nous dit quelquefois que les ergothérapeutes se contentent de regarder les gens cuisiner des tartes aux pommes, ou organisent des petits ateliers sympathiques… Mais si nous nous contentons d’observer, ce n’est qu’en apparence: nous avons plus de 35 critères à évaluer pendant que le patient travaille devant nous!»

"On nous dit quelquefois que les ergothérapeutes se contentent de regarder les gens cuisiner des tartes aux pommes, ou organisent des petits ateliers sympathiques… Mais si nous nous contentons d’observer, ce n’est qu’en apparence!"

Christèle Rutishauser est arrivée dans le monde de l’ergothérapie un peu par hasard: «Je voulais travailler dans le secteur de la santé, mais sans trop savoir dans quel domaine, raconte la Lyonnaise d’origine. Et au moment de choisir ma spécialité, je me suis laissée convaincre par des amis qui étaient persuadés que le métier allait être fascinant. Et je ne regrette pas ce choix.» La décision suivante sera de venir travailler en Suisse, où «les conditions permettent de faire bien mieux le travail qu’en France, même si la branche y est également en pleine expansion».

Hormis cette tâche d’évaluation, les ergothérapeute travaillent main dans la main avec tous les autres professionnels de l’hôpital et ceux des réseaux de soins afin de permettre à Jeanine de retrouver une indépendance la plus proche possible de celle «d’avant». «Evidemment, beaucoup d’autres métiers revendiquent cette interdisciplinarité, ajoute Christèle Rutishauser. Mais en gériatrie, comme en pédiatrie, le patient dépend

davantage de son entourage. Cela implique beaucoup d’échanges qui donnent une dimension humaine particulière à notre travail. Sans compter que – bien sûr – l’ergothérapie continue encore et toujours à se remettre en question et à progresser. Vous voyez que l’on est bien loin des tartes aux pommes!»



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