Portrait
Texte: Julien Calligaro
Photo: Eric Déroze

Claudia Mazzocato, Service des soins palliatifs

Claudia Mazzocato travaille au Service des soins palliatifs du CHUV depuis sa création. Elle y est maintenant médecin cheffe.

"Certains médecins disent qu’il ne faut pas avoir peur de la mort pour faire ce travail. Je pense qu’ils se trompent.» C’est avec sérénité et une certaine émotion que Claudia Mazzocato parle de son métier. Médecin cheffe au sein du Service des soins palliatifs du CHUV dirigé par le professeur Gian Domenico Borasio, elle est confrontée à la mort quotidiennement. Un choix fait tôt durant son parcours professionnel.

Pendant son année post-grade, Claudia Mazzocato a pu remarquer que les patients en fin de vie dont elle s’occupait souffraient et étaient souvent isolés. Dès lors, elle a su quelle allait être sa spécialisation. Elle part trois ans aux Hôpitaux universitaires de Genève, seul endroit à l’époque où se trouve un service de soins palliatifs en Suisse. «Je ne savais pas du tout comment j’allais réagir face à la mort. Après un mois à Genève, j’ai adoré mon travail. On peut dire que je suis tombée dedans.»

Ensuite, direction Paris pour parfaire ses études. Claudia Mazzocato y effectue deux séjours de six mois chacun. «C’est à ce moment-là que la direction du CHUV m’a demandé de diriger un groupe de réflexion pour la création d’un service de soins palliatifs. J’ai proposé de créer une équipe mobile, se déplaçant tant dans les différents services de l’hôpital qu’au domicile des malades.» Une année plus tard, sa proposition est acceptée.

Le téléphone sonne. C’est l’un de ses patients. «Ils peuvent m’appeler à toute heure. Un médecin disponible est un élément essentiel pour des personnes confrontées à une maladie grave. La douleur n’attend pas.» En ce moment, Claudia Mazzocato est occupée la plupart du temps par des consultations au Service d’oncologie ambulatoire.

La doctoresse élabore également des directives anticipées. «Dans ces documents, les personnes en fin de vie décident des soins à ne pas recevoir s’ils n’ont plus les capacités mentales pour prendre une telle décision le moment venu. Ils parlent d’eux, de leur vie, mais aussi de leurs valeurs, tant sur le plan physique que spirituel. Des liens forts s’établissent entre eux et moi, c’est très enrichissant. Pendant un entretien, j’ai une fois dit à un monsieur que je devrais payer cette consultation, pas lui. Les patients et leurs proches m’apportent tant.»

Cette relation particulière additionnée à la réflexion médicale façonne le métier de Claudia Mazzocato. N’a-t-elle pas peur d’être un jour à la place du malade? «Bien sûr, j’y pense tous les jours. Il me reste des craintes quant à la mort. Et c’est aussi pour cela que je fais ce travail.»



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Ecoute et disponibilité sont les maîtres mots pour répondre au mieux aux demandes des patients gravement malades. Ainsi, Claudia Mazzocato se déplace souvent avec ses collègues au sein des différents services de l’hôpital pour suivre les patients plus précocement.