Interview
Texte: Arnaud Demaison, Simon Faraud
Photo: Eric Déroze, Heidi Diaz / unsplash

Le vaccin covid en 10 questions

Le canton de Vaud a lancé le 11 janvier sa campagne de vaccination Covid-19 dans quatre centres répartis sur tout son territoire, dont un situé au CHUV. Ce dispositif n’a cessé de s’étoffer afin de vacciner aussi rapidement que possible la population qui le désire. Explications.

En savoir plus:

Infos pratiques

coronavax.unisante.ch
→ ou hotline du canton de Vaud au 058 715 11 00, de 8h à 20h30.

Les conseillères d’État Rebecca Ruizet Béatrice Métraux étaient présentes au CHUV le lundi 11 janvier pour lancerla campagne de vaccination contre le Covid-19, qui s’accélère chaque semaine et s’étendra jusqu’à l’été. La présence conjointe des responsables des départements de la Santé et de l’Action sociale (DSAS) et de l’Environnement et de la Sécurité (DES) dans l’hôpital témoigne du très fort investissement du CHUV et de ses équipes non seulement dans la lutte au quotidien contre la pandémie, mais aussi dans la mise sur pied du plan cantonal de vaccination.

Pourtant, ce vaccin suscite aussi le scepticisme au sein d’une partie de la population. Chaque personne devra donc choisir, de se faire vacciner ou non.

Quels sont les objectifs du plan cantonal de vaccination ?

oliver peters / L’objectif initial était d’effectuer environ 5000 vaccinations par jour. Mais suite à l’émergence du nouveau variant britannique du virus, l’objectif
est rapidement passé à 7000 ou 8000 vaccinations par jour.

Quels sont les principaux défis auxquels vous avez dû faire face ?

op / Plusieurs structures ont dû être mises sur pied rapidement: dans un premier temps, nous avons ouvert des centres de vaccination et formé des équipes mobiles. Un grand centre de vaccination va aussi être rajouté au dispositif à Beaulieu avec un soutien important de la PCi. Nous étendrons ensuite la possibilité de vacciner aux cliniques privées, aux cabinets médicaux et aux grandes pharmacies. Enfin, les vaccinations pourront être effectuées chez les médecins et les pharmaciens indépendants.

Le CHUV est très impliqué dans le plan cantonal de vaccination. Comment expliquez- vous cela ?

op / Le CHUV a une certaine force de frappe institutionnelle pour ce genre d’opérations. Je pense que c’est à cause de ces compétences concentrées chez nous, et de notre capacité à les déployer rapidement, qu’on nous a donné ces responsabilités. Je tiens à saluer la solidarité et l’enthousiasme qui animent les membres de toutes les équipes impliquées dans ce plan de vaccination. On parle souvent de fatigue dans l’institution, mais il y a aussi beaucoup de plaisir, de la bonne humeur et le senti- ment d’accomplir quelque chose d’impor- tant pour la population. C’est une incroyable source de motivation.

À votre avis, le personnel de santé va-t-il répondre positivement à la possibilité de se faire vacciner ?

op / Nous savons que les personnes qui
se savent vulnérables sont très disposées à se faire vacciner. Il y a davantage de réticences chez les personnes plus jeunes car le vaccin est nouveau. Néanmoins, les connaissances s’accumulent pour démontrer que sa dangerosité est faible, tandis que celle du virus est importante, même pour les populations jeunes. Je pense donc que l’intérêt va grandir pour la vaccination, mais nous n’exercerons aucune pression sur nos collaboratrices et collaborateurs. Nous allons juste les informer sur la situation.

Quand vous en aurez la possibilité, allez-vous vous faire vacciner ?

op / Bien sûr. Mais je ne vais pas prendre la place d’une personne vulnérable dans la file d’attente!

La technologie ARN est-elle plus risquée que celle utilisée pour les vaccins « classiques » ?

Prof. giuseppe pantaleo / Non. Les vaccins à ARN messager sont considérés comme des vaccins génétiques car ils transfèrent des codes génétiques pour déclencher la fabrication de protéines. Il n’y a pas de raison de considérer qu’il y a plus de risques. Il est notamment impossible que le code génétique des personnes vaccinées soit modifié.

Est-elle plus ou moins efficace ?

p.gp / Les données que nous avons suggèrent que ces vaccins sont extrêmement efficaces, entre 90 et 95%. Nous man- quons par contre de recul sur la pérennité de cette efficacité. En outre, le vaccin a été testé sur des personnes avec un système immunitaire sain. Il faudra voir s’il est aussi efficace sur les per- sonnes dont le système immunitaire est compromis.

Vais-je devoir me faire vacciner tous les ans comme pour la grippe ?

p.gp / Il est important que nous mettions
en place des plans de surveillance immunologique pour évaluer combien de temps l’effet immunitaire persiste. Il faudra aussi rester attentif à de possibles mutations importantes du virus qui rendraient le vaccin inefficace, comme c’est le cas pour la grippe.

Quels sont les effets secondaires à court et long terme ?

p.gp / Les effets secondaires à court terme documentés sont extrêmement légers et ne posent pas de problèmes de sécurité: rougeurs autour du site d’injection, symptômes grippaux mineurs, plus importants chez de rares sujets. Pour 99% des personnes, ces symptômes devraient disparaître après trois ou quatre jours. Nous devons faire attention aux personnes qui ont des allergies sévères. Des mécanismes de surveillance ont déjà été mis en place. Nous manquons encore de recul sur les effets à long terme, rien n’indique cependant une évolution dans ce sens.

Allez-vous vous faire vacciner ?

p.gp / Bien sûr! Dès que j’en ai la possibilité. /



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OLIVER PETERS

Directeur général adjoint du CHUV, chef du comité de pilotage du Plan vaudois de vaccination

PROF. GIUSEPPE PANTALEO

Chef du Service d’immunologie et d’allergie du CHUV