Innovation
Texte: Melinda Marchese

Retour vers le futur

Innovation Les prothèses et instruments de haute technologie actuels trouvent leurs origines dans des dispositifs rudimentaires mais ingénieux. Démonstration en images.

Initialement en bois, puis en étain, le clystère est un instrument incontournable de la médecine des XVIIe et XVIIIe siècles: pouvant peser jusqu’à 2 kilos, ce gros cylindre servait principalement à faire des lavements chez les patients mal-en-point.

Son descendant n’est autre que la seringue en plastique que l’on connaît depuis les années 1970. Son poids? Quelques grammes. «L’avènement
du plastique a révolutionné le monde de l’instrumentation médicale, explique Roxane Fuschetto, responsable des collections au sein de l’Institut universitaire d’histoire de la médecine et de la santé publique à Lausanne. Les objets sont devenus plus légers, et certains, comme la seringue, sont à présent jetables et à usage unique, garantissant une stérilité optimale.»

Outre les progrès au niveau des matériaux employés, les avancées technologiques ont surtout permis de créer des dispositifs artificiels se rapprochant toujours plus de ceux qu’ils remplacent: un prématuré repose aujourd’hui dans une couveuse offrant un environnement proche de celui de l’utérus de sa mère, et des patients amputés auront certainement bientôt la possibilité de retrouver un membre mobile, sensible et recouvert de peau.

1/ Main dans la main

L’image ci-dessous représente une main artificielle en bois datant de la Première Guerre mondiale, provenant de Birmingham (Angleterre). A l’époque, 41’000 soldats britanniques ont perdu un membre sur le front, stimulant l’innovation en matière de prothèses: on remarque d’ailleurs sur la photo que le pouce, l’index et le majeur sont articulés. Depuis, des progrès spectaculaires ont été réalisés tant au niveau des matériaux que des méthodes de greffes: I-Limb digit (ci-contre) est une main bionique créée par l’entreprise britannique Touch Bionics, dont l’aspect extérieur se veut proche d’un membre naturel. Elle permet de pousser, tirer, porter des charges légères ou pianoter sur un clavier. En mars 2013, une neuroprothèse développée par l’EPFL (page de gauche) a créé
la surprise en permettant à son utilisateur de saisir des objets et de ressentir des sensations.

2/ Bien au chaud

Le taux de survie des prématurés n’a cessé de s’améliorer ces dernières années, notamment grâce aux progrès réalisés sur les couveuses. Ces petits cubes de verre sont capables aujourd’hui d’assurer une température optimale et d’offrir au nourrisson des conditions très proches de l’utérus maternel. L’incubateur ci-contre est doté d’un simple chauffage électrique: photographié à Prague en 1947 au Stvanice Birth Center, ce bébé prématuré est emmitouflé dans des habits chauds – le refroidissement étant l’une des causes de mortalité des bébés prématurés.

3/ À l’écoute

En Suisse, près de 100 nouveaux appareils cochléaires sont implantés chaque année. Ces dispositifs, comme celui ci-contre fabriqué par la société autrichienne Med-El, permettent à des personnes atteintes de surdité profonde ou sévère de retrouver un certain niveau d’audition. Des électrodes posées chirurgicalement stimulent directement le nerf auditif. Les ancêtres de ces implants sont les cornets acoustiques; placé dans le canal auditif du malentendant, le dispositif tubulaire recueille et amplifie les ondes sonores, facilitant ainsi l’audition. Le modèle ci-dessous a été fabriqué en Angleterre aux alentours de 1860 par F.C. Rein and Son, une manufacture spécialisée dans les instruments acoustiques.

4/ En toute transparence

Le 22 décembre 1895, le physicien allemand Wilhelm Conrad Röntgen réalise la première radiographie en se servant de la main de son épouse, Anna Bertha Ludwig Röntgen (ci-contre). On y aperçoit les os, entourés d’une pénombre qui représente la chair. La tâche foncée sur l’annulaire est l’alliance de Mme Röntgen.

L’une des techniques d’imagerie les plus courantes aujourd’hui est celle effectuée par résonnance magnétique. L’IRM permet de visualiser des élements aussi fins que les fibres nerveuses du cerveau
(ci-dessus), qui sont de l’ordre du micromètre.

5/ Maux de crâne

Du grec «trupaô» signifiant «je perce», les trépans ont longtemps été employés pour percer un crâne afin d’intervenir sur le cerveau. Le modèle ci-contre (à gauche) datant du XIXe siècle a été photographié au musée de l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort (F). Aujourd’hui, des appareils tels que le Gamma Knife permettent de traiter des lésions du cerveau sans même devoir ouvrir le crâne. Composé de 192 faisceaux provenant de sources de cobalt, le Gamma Knife administre, avec une extrême précision, une forte dose de radiation sur les zones à traiter. L’intervention se pratique en ambulatoire, sans anesthésie générale.



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